
Quand Nicolas Sarkozy évoquât a Jean Jaures et Leon Blum, deux des figures les plus emblématiques de la gauche française dans son discours inaugurale de sa campagne officielle pour les élections présidentielles, le 15 janvier dernier, les membres de l’équipe de son principale rival socialiste ne croyait pas ce qu’ils entendait de la bouche du président de l’UMP, mais leurs doutes se dissipe rapidement quand ils découvre qui est derrière ce changement radical du discours du candidat de la droite, c’était un écrivain assez particulier : Henri Guaino.
Des hommes comme ce monsieur Guaino, il y’en a toujours eu dans la politique, des vrais hommes de l’ombre, qui offrent leurs services avec un grand professionnalisme et passion.
Cet économiste de 50 ans, haut fonctionnaire de l’état, qui échoua plusieurs fois au concourt d’accès a l’ENA , a un long parcours politique derrière lui, mais cette campagne présidentielle a était sans aucun doute sa consécration.
Son premier boulot comme Noir – terme éditorial définissant les écrivains qui travaillent de façon anonyme – fut pour Jacques Chirac en 1988, il s’occupait de lui réécrire ces interviews, mais Chirac échoua contre François Mitterrand, cette défaite lui démontra comment perdre une campagne selon lui.
Gaulliste de la veille école, Guaino s’alliât a Phillipe Seguin dans sa campagne pour le non au traité de maastricht de 1992, même si le oui gagnât pour très peu, le fameux « Discours sur la France » que prononçât Seguin a l’assemblée nationale fut longtemps considéré comme un vrai chef d’œuvre de la littérature politique.
Mais c’est en 1995 que le succès se concrétisât pour M .Guaino, avec le politologue Emmanuel Todd, il inventât le célèbre concept de "fracture social" ; portant pour la première fois à Jacques Chirac à l'Elysée. Guaino a été récompensé par une haute fonction institutionnelle. Mais le bonheur a été bref. La dissolution du Parlement, et la victoire socialiste ultérieure qui a porté au poste de premier ministre à Lionel Jospin, ont fini par lui coûter sa fonction. Déçu par la décadence chiraquienne, il préférât ne pas participer dans la campagne de 2002, jusqu'à l'année dernière, attirée par les idées de M.Sarkozy, Guaino a été mis au service de l'UMP. Le candidat conservateur avait essayé plusieurs auteurs de discours, mais au début de janvier, quand il préparait le discours avec lequel il se disposer à entamer sa campagne électorale, il se décidât pour Guaino en dépit des avertissements de son parrain, Eduard Balladur.
Une complicité extraordinaire née rapidement entre les deux hommes. Car il Fallait changer l'image du ministre de l'Intérieur, l’homme dur, ambitieux et désagréable, du policier a la matraque, par celle d'un futur président, d’homme charismatique, humain, capable d'être aimé...
Guaino joua le rôle du psychanalyste de Sarkozy, il lui demanda de lui compter des choses, qu’il lui racontât des expériences de son enfance. Le candidat se rappelât de sa visite au mémorial de l’Holocauste, l'Yad Vashem, et aussi de son voyage au couvent de Tibéhirine, en Algérie, peu après la mort de sept religieuses trappistes, égorgées par des islamistes.
De ces sessions naît le "j’ai changé" célèbre, une phrase répétée jusqu'à 10 fois le 14 janvier, justifiée par le fait d’"avoir souffert". La souffrance, la victimisation. Deux éléments qui ont été clef dans cette campagne dans laquelle, il était en jeu avant tout la personnalité de Sarkozy elle-même, politiquement "inquiétante".